dimanche 15 janvier 2012

@dem SeleKcheûne #22 – Pharoah Sanders


L’Esprit et son principal vecteur, le talent, sont partout.
Pharoah Sanders considère la musique comme un apostolat. Il tente à travers elle de joindre les cœurs, de les rendre à l’entendement, qui n’est autre que la dimension spirituelle de l’ouïe, en émettant une musique toute aussi universelle que sophistiquée.
Figure centrale du Cosmic Jazz, il n’en est pas l’instigateur puisque c’est à son père spirituel John Coltrane que l’on doit les premières intrusions du genre, mais il en sera l’exécuteur testamentaire. Coltrane reconnaissait et respectait beaucoup le jeune Sanders. Il fait partie intégrante de son ultime équipe et apparaît sur plusieurs des derniers albums du Maestro et plus tard sur certains de sa compagne, la harpiste Alice Coltrane, comme l’excellent Journey In Satchidananda.
Après la mort et l’amorce de John Coltrane, le chef coq multi-étoilé Pharoah va réunir autour de lui les convives d’une auberge musicienne à ravir les fins tympans que nous sommes. Entre 1969 et 1971, il concoctera les joyaux du plus pur Jazz Cosmic jamais entendu comme Jewels Of Thought, Karma ou encore Thembi, incontournables de toutes collections qui se respectent un minimum.
Outre cette période particulièrement féconde, il eut une énorme carrière où il est très difficile de le prendre en défaut. Spirituellement totalement impliqué dans sa vie de musicien il se reconnaît  dans les mouvements émergents du Black Power ou des Black Muslims en pleine quête d’identité et dans l’affirmation de la spécificité noire comme part intégrante de la nation américaine. La soif identitaire des Black Muslims revendiquera des pharaons noirs et l'Égypte ancienne va ainsi devenir l’inattendue mère patrie de la pensée noire et de ses descendants. A ce titre il n’est pas inintéressant de remarquer, outre son surnom qu’il doit aux membres du Sun Ra, la structure essentiellement pyramidale des compositions de notre nouveau Pharaon.
Mais revenons en 1969. Le Pharaon Sanders est sublimement entouré par le vocaliste Léon Thomas et son Yoddeling (@dem #09), Léon Liston Smith Jr et son ahurissante main gauche au piano, Cecil Mc Bee ou Ron Carter à la contrebasse et d’une bonne centaine d’autres siders. Ils jouent live ou louent des studios pour se réunir et emprunter de longues et improvisées caravanes qui donneront naissance aux albums précités.
Son sax se promène entre passages beaux à pleurer et des moments de colère triste et profonde qu’il expire en d’authentiques cris primaux. Contrairement à ses comparses du Free Jazz, le pharaon distille ses pétages de plomb entre des plages mélodiques de sable fin où chacun peut toucher le ballon et retombe toujours sur ses quilles.
Un mec qui connaît le souffle par cœur et qui sait ce que respirer veut dire. L’interface parfaite entre nous et les dieux.
Un mec connecté…
Pour l’aborder quelques morceaux moisis :
1/  Morning Prayer (Thembi)
2/ The Creator Has A Master Plan (Karma)
3/ Hum-Allah-Hum-Allah-Hum-Allah (Jewels Of Thought)
Je vous laisse en compagnie de ce dernier…
@dem

Audio: http://dl.dropbox.com/u/24806154/adem22_Pharoah%20Sanders_Hum-Allah_USA_1969.ogg

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