mardi 27 mars 2012

@dem SeleKcheûne#28 - Bongwater












 Par ce beau matin printanier, parlons d’un album oublié, The Power Of Pussy, du regretté duo américain Néo Psychédélique Bongwater. Notons que le qualificatif Néo Psych, utilisé dès la fin des 70’s, l'est encore aujourd’hui, notamment pour des ahuris du style MGMT, au point où il est légitime de se demander où et quand cette blague va-t-elle cesser.
 Mais avant de se pencher sur l’inimitable cocktail musical de cette formation ma foi fort bien formée, nous allons tenter ensemble de répondre à une question cruciale pour le funeste avenir de l’humanité : Faut-il, oui ou non, boire l’eau du Bong?
 Certains érudits estiment que c’est à la Chine que nous devons cette fumeuse invention, à maints égards aussi capitale que celle de la roue pour la vélocité mentale qu’elle procure, mais c’est bien de l’Afrique, berceau de tout ce qui fait quelque peu sens en cette pathétique existence, que nous vient ses premiers embruns, et ce au minimum 1600 années avant notre ère. La recherche du plaisir, motivation essentielle s’il en est, fait en général appel à ce que l’humain à de meilleur en lui, ou, s’il on préfère, à ce que d’aucuns considèrent comme le génie qui lui est propre. Sont ici convoqués et détournés pression atmosphérique, origine de l’univers et chimie du cerveau afin de recréer le Big-bang primordial à des fins purement hédonistes, voire, plus simplement, afin de tenter de se soustraire aux aspects les plus absurdes de notre pitoyable existence.
 En effet, qui d’entre nous n’a pas ressenti cette absurdité face à la mort d’un proche ou plus simplement à la simple contemplation de ce que nous faisons de notre existence ?
 Un Bong efficace est composé d’un récipient, généralement en verre ou en métal, étanche à l’eau qu’il contient jusqu’à moitié de sa contenance. Y sont perforés trois ouvertures où s’enfonceront, pour la première, un tube dont une extrémité plongera sous l’eau et ou l’autre servira de réceptacle à la substance consumable (ou foyer), pour la seconde un autre qui restera au dessus de la surface de l’eau et dont l’autre extrémité recevra les lèvres aspiratrices (ou dépresseur). La troisième ouverture sera une simple perforation apposée entre l’eau et le dépresseur, appelée carburateur, et bouché par un doigt qui, une fois soustrait, servira à évacuer la fumée emmagasinée dans le récipient pour rejoindre directement nos précieuses bronchioles, elles-mêmes intercesseurs entre le mélange air/fumée et nos piteux neurones.
 Donc, si nous avons bien tout lu Freud, l’eau filtre le passage de la fumée mais aussi, retient en elle certains de ses composants cancérigènes, euphémisme si l’on considère que la vie elle-même nous ronge dès la tragédie de la naissance. Le génie humain, lorsqu’il s’agit de construire/détruire, étant sans limite, certains QI particulièrement élevés, ont eu l’impeccable inspiration de remplacer l’eau par de la bière, voire par de l’alcool. Si l’eau retient au passage certaines propriétés corruptrices de notre divine santé, elle laisse passer, pour prendre un exemple au hasard, le THC ou delta-9-tétrahydrocannabinol contenu dans le cannabis. C’est précisément l’inverse qui se produit lorsque l’alcool remplace l’eau. Alors faut-il boire l’eau du Bong ? Certes non. Faut-il boire l’alcool du Bong ? Certes oui si c’est un autre qui l’a fumé…
 Passons maintenant à des choses moins sérieuses.
 Bongwater est le mariage plus que probable entre le fils de Mickey Rourke et de Michael Hutchence - Mark Kramer - auteur de la musique et accessoirement boss du mythique label Shimmy Disc et d’une totale bombe sexuelle à l’aplomb déconcertant et revigorant, Ann Magnuson, auteure de paroles qui, durant les 90’s, diminuèrent de moitié le suicide masculin en occident… rien de moins.
 En effet, si nos nanas faisaient un peu moins les mijaurées en quête de pseudo respect et qu’elles nous donnait ce dont nous avons besoin, à savoir ce dont tout homme est en droit de prétendre - un peu de plaisir dans cet océan de boue - et bien, pour prendre un exemple récent, Joel Dever, le multi-instrumentiste de Battant, éperdument amoureux de sa pimbêche et par trop égocentrée chanteuse, n’en serait sans doute pas venu à l’extrémité que nous connaissons (http://www.lexpress.fr/culture/musique/joel-dever-de-battant-est-mort_1032181.html). Sans doute Mohamed Merah non plus…
 Allons les filles, est-ce vraiment si grave de vouloir vous acculer dans tous les coins ? Non seulement vous avez l’avenir de l’humanité entre les jambes mais aussi son bonheur partout ailleurs. Songez-y !
 Pour vous faire une idée du talent de persuasion de notre couple paradigmatique, sachez qu’ils réussirent à débaucher le trop cérébral Fred Frith pour l’embarquer dans leur univers psychedelico/expérimental salace fait de collages cacophoniques et d’hédonisme abstrait où se côtoient invitation à une luxure salvatrice et sexualité surréaliste dans son sens premier qui est de coller au réel de la manière la plus concrète qui soit. Et puis ces monologues chantés/parlés à l’intonation incroyable, juste parfaits, descendus tout droit de l’Olympe… Comment résister au pouvoir de la chatte?
 Heureusement les mecs… Existe Bongwater, ou plutôt existait. Leur aventure prit fin en 1992 après 4 albums à découvrir d’urgence et à boire jusqu'à plus soif!.
 Qu’on se le dise !
See also: http://www.youtube.com/watch?v=q559R0DFXz4&oref=http%3A%2F%2Fwww.google.be%2Furl%3Fsa%3Dt%26rct%3Dj%26q%3Dbongwater%26source%3Dweb%26cd%3D13%26ved%3D0CDwQFjACOAo%26url%3Dhttp%253A%252F%252Fwww.youtube.com%252Fwatch%253Fv%253Dq559R0DFXz4%26ei%3DUdJwT6PPKsWdOujo3ekF%26usg%3DAFQjCNEgQQ_giMRyR-RZqT4AaLNyVgXTFA%26cad%3Drja

mercredi 21 mars 2012

@dem SeleKcheûne #27 – Feng-Hao

 
 Une fois n’est pas coutume aussi @dem SeleKcheûne laisse la plume à un entretien dont la rare pertinence nous a paru digne d’intérêt. Certes il s’agit d’art plastique mais le contenu du propos peut tout aussi bien s’appliquer aux musiciens, rejoignant ainsi les aspects fédérateurs de la Médiologie chère à Régis Debray. Susceptibles s’abstenir !

Gençives Acné
« Plastiquons les arts plastiques.»
Propos recueillis par C. Lorent  
C'est sur les cadavres encore fumants du corrompu René Magritte, de l'hypocrite Paul Nougé, du naïf Che Guevara, du peu inspiré Edward Hopper, du courageux Mohamed Khider et de la très bandante Jane Mansfield que vit le jour l'improbable Gençives Acné, à l'instar de l’ahuri Gauthier Hubert, de l'inconsistant mais bien coiffé Messieurs Delmotte, de la frigide Amélie Nothomb et de la pauvre petite fille Nicole Kidman.
Dès l'âge de déraison, exécrant les vieux, méprisant les jeunes, il jeta le dévolu de sa très sainte colère non à la droite, ni à la gauche mais bien sur le milieu de l'art, s'appliquant d'abord à terroriser très méticuleusement la myriade de pétasses (ar)historiennes, petites filles à leurs Pôpas, qui trouvent tellement tendance de s'occuper des artristes alors qu'elles ne sont même pas foutues de les sucer convenablement! "Sachez, dit-il, qu'un artiste, un vrai, a bien plus besoin de vous peloter les miches que de vous entendre débiter des inepties du style: "Les œuvres de Gençives Acné se donnent à voir…" ou "Les œuvres de Gençives Acné sont l'amorce originale d'une verbalisation des images, c'est à dire une lecture qui n'est pas lue, une parole qui est lecture non encore prononcée et projetée sur la pensée écran par la puissance du désir latent non encore sublimé… Je continue?"
Ce fut ensuite au tour des galeristes, ces "épiciers de l'art", plus intéressés par le carnet d'adresses de leurs "plastichiants" que par leurs propos, se réfugiant, avec leur médiocrité, derrière leur dérisoire pouvoir et qui, avec les collectionneurs en mal de garanties sur le sérieux de leurs investissements, sont incapables de penser par eux-mêmes et de discerner la perle qui se dissimule dans la boue. "Artristes content pour rien du monde entier, explique-t-il, faites donc grève un an et vous verrez la tête que feront les marchands qui, croyez le bien, vendraient des patates s'ils ne vendaient pas vos tâtonnements vers l'être". Mais l'immarcescible Gençives Acné doute que cela se produise. "Il y a belle lurette que les artristes donnent la papatte en échange du sucre que leur tend leurs maîtres, lamentables agents du Capital, peintres peintres barbouillés d'esthétisme ils ressemblent à leurs croûtes et à ceux qui les achètent: lisses, surtout pas de vagues (mais du flou) de peur d'être exclus de la visibilité. Inénarrables empaffés: c'est dans l'ombre, patiemment et dans le plus grand secret que l'on prépare son forfait. Si l'art n'est pas un moyen de réveiller les gens, il est juste "beau" et s'il existe une notion aussi périssable, sujette à caution et à bâillements c'est bien l'esthétique et son indéfectible corolaire: l'onanisme."
Pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, le furieux Gençives Acné exerça son verbe de feu à l'encontre "…des commissaires en chef de la flicaille artistique et autres curateurs de nez qui, non content de se proclamer "méta-artistes", considèrent ceux-ci comme des accessoires alors que ce ne sont que de minables fonctionnaires licenciés en histoire ou communication, gratteurs de champagne et habités par la sourde angoisse de louper le nouveau Van Gogh. Mesdames et Messieurs vous êtes déjà mille fois oubliés!"
Vous l'aurez compris, l'excellent Gençives Acné n'a pas pour ambition de faire carrière et, bon sang!, on avait presque oublié que cela fut possible: "Sûr, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre et cela tombe bien: je ne désire pas enculer les mouches!"
"L'art, cela commence quand on a plus faim et que l'on a Soif. L'art cela commence lorsqu'on s'ennuie et l'ennui est le début de l'imagination…"
Et de préciser "…Les productions que vous trouverez ici sont toutes le fruit de l'ennui. Par ennui, il faut comprendre l'intervalle de temps entre deux moments excitants comme se lever tard, préparer du magret de canard aux poires, élever son niveau de conscience, boire un Orval, écouter Pharoah Sanders, expérimenter la nature féminine et masculine. Donnez le choix à n'importe quel artriste entre faire de l'art et faire l'amour, que va-t-il choisir? Démago? Alors observez bien les cultureux déambulant dans une expo (même une bonne) lorsqu'une totale Pin-up pénètre dans la salle…" Convaincus..? Non?
" …Tu en a marre que l'on pense ta vie à ta place, des philosophes qui nous gonflent les couilles d'évidences et qui érigent leurs carences en systèmes, du respect, des bourgeoises qui s'extasient devant des ronds de couleurs rouges et bleus et qui crient au génie, des suceurs de bites qui avaleraient pour accrocher leur eczéma aux cimaises des galeries, des consensus, des critiques d'art qui n'ont rien compris à l'art et qui ont oublié d'être critique (si tant est qu'ils aient jamais su ce que c'est), des hypocrites, des dévoreurs de cadavres, de creuser ta propre tombe que rebouchera ton employeur, des marchands voraces souilleurs du Temple, des banquiers de l'Esprit, des banalisateurs, des "si c'est pas moi c'est un autre", du sympathiquement correct, des caméras de surveillance, des héros du travail, des frustrés du pouvoir, du neuro-marketing, des conventions, de la conspiration immobilière, des scientifiques au service du fric et non du bien-être, de l'urbanisme au service des bagnoles, des promoteurs et de la pub?
Tu désires désobéir à toi-même, rendre l'esprit à l'esprit et la femme à la femme, mourir content, développer tes spécificités en toute quiétude et sans pressions, balancer ta télé par la fenêtre (en souhaitant qu'elle fracasse le crâne d'un ingénieur commercial), sucrer des fraises, filer la diarrhée aux manipulateurs de tous poils? Alors rejoins immédiatement l' Impeccable Désagréable et ses enragé(e)s, méprisant(e)s, cruel(le)s et effronté(e)s démolisseu(se)rs d'entreprises.
Qu'on se le dise...
Audio: http://soundcloud.com/ademselekcheune/dem-27-feng-hao-pleasure-2005

dimanche 11 mars 2012

@dem Selekcheûne #26 – Marie-Flore


Dédié à Paul.
J’ai, depuis peu, résolus de me lever juste avant l’aube pour surprendre, dans l’instant qui va suivre, ce qu’il adviendra de la nuit.
Je glisse le long du salon et mon index effleure les murs froids qui me séparent de la fenêtre. J’écarte doucement le rideau et elle est là, impériale et opaque. Elle a tout conquis et je la sens contre mon visage chercher l’ouverture. Elle semble invulnérable mais déjà je devine, ramassée dans l’ombre, toute la lumière qui tremble, prête à bondir avant de s’abattre !
D’abord la nuit résiste à ces coups de griffes éblouissants ; mais bientôt, exsangue, la voilà qui suinte doucement un sang laiteux, flaque de phosphore qui s’étend et commence d’engendrer l’espace.
J’ai longtemps désiré une rupture radicale, un doigt céleste appuyant sur l’interrupteur. Que ce souhait n’ait pas été rencontré, que la force de mise en œuvre que l’on attend de l’imagination n’ait pu encore forcer la logique impérieuse, aujourd’hui  je tiens cela comme une sorte de dernière chance.
La nuit agonise sans heurts et se décompose, abandonne un à un ses atours, s’imbibe, laisse paraître le trouble d’une atmosphère, la main ramifiée d’une ville, parfois le bout d’un fleuve, - mais cependant rien d’humain que moi-même !
Si la nuit se transforme en plein jour, ce n’est jamais de la même manière.
Les matins blêmes n'auront cependant définitivement raison d'elle...
@dem
Audio: http://soundcloud.com/ademselekcheune/marie-flore-halfpastthree