mercredi 21 mars 2012

@dem SeleKcheûne #27 – Feng-Hao

 
 Une fois n’est pas coutume aussi @dem SeleKcheûne laisse la plume à un entretien dont la rare pertinence nous a paru digne d’intérêt. Certes il s’agit d’art plastique mais le contenu du propos peut tout aussi bien s’appliquer aux musiciens, rejoignant ainsi les aspects fédérateurs de la Médiologie chère à Régis Debray. Susceptibles s’abstenir !

Gençives Acné
« Plastiquons les arts plastiques.»
Propos recueillis par C. Lorent  
C'est sur les cadavres encore fumants du corrompu René Magritte, de l'hypocrite Paul Nougé, du naïf Che Guevara, du peu inspiré Edward Hopper, du courageux Mohamed Khider et de la très bandante Jane Mansfield que vit le jour l'improbable Gençives Acné, à l'instar de l’ahuri Gauthier Hubert, de l'inconsistant mais bien coiffé Messieurs Delmotte, de la frigide Amélie Nothomb et de la pauvre petite fille Nicole Kidman.
Dès l'âge de déraison, exécrant les vieux, méprisant les jeunes, il jeta le dévolu de sa très sainte colère non à la droite, ni à la gauche mais bien sur le milieu de l'art, s'appliquant d'abord à terroriser très méticuleusement la myriade de pétasses (ar)historiennes, petites filles à leurs Pôpas, qui trouvent tellement tendance de s'occuper des artristes alors qu'elles ne sont même pas foutues de les sucer convenablement! "Sachez, dit-il, qu'un artiste, un vrai, a bien plus besoin de vous peloter les miches que de vous entendre débiter des inepties du style: "Les œuvres de Gençives Acné se donnent à voir…" ou "Les œuvres de Gençives Acné sont l'amorce originale d'une verbalisation des images, c'est à dire une lecture qui n'est pas lue, une parole qui est lecture non encore prononcée et projetée sur la pensée écran par la puissance du désir latent non encore sublimé… Je continue?"
Ce fut ensuite au tour des galeristes, ces "épiciers de l'art", plus intéressés par le carnet d'adresses de leurs "plastichiants" que par leurs propos, se réfugiant, avec leur médiocrité, derrière leur dérisoire pouvoir et qui, avec les collectionneurs en mal de garanties sur le sérieux de leurs investissements, sont incapables de penser par eux-mêmes et de discerner la perle qui se dissimule dans la boue. "Artristes content pour rien du monde entier, explique-t-il, faites donc grève un an et vous verrez la tête que feront les marchands qui, croyez le bien, vendraient des patates s'ils ne vendaient pas vos tâtonnements vers l'être". Mais l'immarcescible Gençives Acné doute que cela se produise. "Il y a belle lurette que les artristes donnent la papatte en échange du sucre que leur tend leurs maîtres, lamentables agents du Capital, peintres peintres barbouillés d'esthétisme ils ressemblent à leurs croûtes et à ceux qui les achètent: lisses, surtout pas de vagues (mais du flou) de peur d'être exclus de la visibilité. Inénarrables empaffés: c'est dans l'ombre, patiemment et dans le plus grand secret que l'on prépare son forfait. Si l'art n'est pas un moyen de réveiller les gens, il est juste "beau" et s'il existe une notion aussi périssable, sujette à caution et à bâillements c'est bien l'esthétique et son indéfectible corolaire: l'onanisme."
Pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, le furieux Gençives Acné exerça son verbe de feu à l'encontre "…des commissaires en chef de la flicaille artistique et autres curateurs de nez qui, non content de se proclamer "méta-artistes", considèrent ceux-ci comme des accessoires alors que ce ne sont que de minables fonctionnaires licenciés en histoire ou communication, gratteurs de champagne et habités par la sourde angoisse de louper le nouveau Van Gogh. Mesdames et Messieurs vous êtes déjà mille fois oubliés!"
Vous l'aurez compris, l'excellent Gençives Acné n'a pas pour ambition de faire carrière et, bon sang!, on avait presque oublié que cela fut possible: "Sûr, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre et cela tombe bien: je ne désire pas enculer les mouches!"
"L'art, cela commence quand on a plus faim et que l'on a Soif. L'art cela commence lorsqu'on s'ennuie et l'ennui est le début de l'imagination…"
Et de préciser "…Les productions que vous trouverez ici sont toutes le fruit de l'ennui. Par ennui, il faut comprendre l'intervalle de temps entre deux moments excitants comme se lever tard, préparer du magret de canard aux poires, élever son niveau de conscience, boire un Orval, écouter Pharoah Sanders, expérimenter la nature féminine et masculine. Donnez le choix à n'importe quel artriste entre faire de l'art et faire l'amour, que va-t-il choisir? Démago? Alors observez bien les cultureux déambulant dans une expo (même une bonne) lorsqu'une totale Pin-up pénètre dans la salle…" Convaincus..? Non?
" …Tu en a marre que l'on pense ta vie à ta place, des philosophes qui nous gonflent les couilles d'évidences et qui érigent leurs carences en systèmes, du respect, des bourgeoises qui s'extasient devant des ronds de couleurs rouges et bleus et qui crient au génie, des suceurs de bites qui avaleraient pour accrocher leur eczéma aux cimaises des galeries, des consensus, des critiques d'art qui n'ont rien compris à l'art et qui ont oublié d'être critique (si tant est qu'ils aient jamais su ce que c'est), des hypocrites, des dévoreurs de cadavres, de creuser ta propre tombe que rebouchera ton employeur, des marchands voraces souilleurs du Temple, des banquiers de l'Esprit, des banalisateurs, des "si c'est pas moi c'est un autre", du sympathiquement correct, des caméras de surveillance, des héros du travail, des frustrés du pouvoir, du neuro-marketing, des conventions, de la conspiration immobilière, des scientifiques au service du fric et non du bien-être, de l'urbanisme au service des bagnoles, des promoteurs et de la pub?
Tu désires désobéir à toi-même, rendre l'esprit à l'esprit et la femme à la femme, mourir content, développer tes spécificités en toute quiétude et sans pressions, balancer ta télé par la fenêtre (en souhaitant qu'elle fracasse le crâne d'un ingénieur commercial), sucrer des fraises, filer la diarrhée aux manipulateurs de tous poils? Alors rejoins immédiatement l' Impeccable Désagréable et ses enragé(e)s, méprisant(e)s, cruel(le)s et effronté(e)s démolisseu(se)rs d'entreprises.
Qu'on se le dise...
Audio: http://soundcloud.com/ademselekcheune/dem-27-feng-hao-pleasure-2005

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