dimanche 11 mars 2012

@dem Selekcheûne #26 – Marie-Flore


Dédié à Paul.
J’ai, depuis peu, résolus de me lever juste avant l’aube pour surprendre, dans l’instant qui va suivre, ce qu’il adviendra de la nuit.
Je glisse le long du salon et mon index effleure les murs froids qui me séparent de la fenêtre. J’écarte doucement le rideau et elle est là, impériale et opaque. Elle a tout conquis et je la sens contre mon visage chercher l’ouverture. Elle semble invulnérable mais déjà je devine, ramassée dans l’ombre, toute la lumière qui tremble, prête à bondir avant de s’abattre !
D’abord la nuit résiste à ces coups de griffes éblouissants ; mais bientôt, exsangue, la voilà qui suinte doucement un sang laiteux, flaque de phosphore qui s’étend et commence d’engendrer l’espace.
J’ai longtemps désiré une rupture radicale, un doigt céleste appuyant sur l’interrupteur. Que ce souhait n’ait pas été rencontré, que la force de mise en œuvre que l’on attend de l’imagination n’ait pu encore forcer la logique impérieuse, aujourd’hui  je tiens cela comme une sorte de dernière chance.
La nuit agonise sans heurts et se décompose, abandonne un à un ses atours, s’imbibe, laisse paraître le trouble d’une atmosphère, la main ramifiée d’une ville, parfois le bout d’un fleuve, - mais cependant rien d’humain que moi-même !
Si la nuit se transforme en plein jour, ce n’est jamais de la même manière.
Les matins blêmes n'auront cependant définitivement raison d'elle...
@dem
Audio: http://soundcloud.com/ademselekcheune/marie-flore-halfpastthree

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