Australien échoué en Angleterre en plein Rock In Opposition, Daevid Allen cofonde rien de moins que Soft Machine en 1966. Il ne restera cependant qu’un an au sein de la formation et ne paraît sur aucun des albums officiels du groupe car, lors d’une tournée française, il ne put rejoindre l’Angleterre à cause d’un minable problème de visa. Resté en France, il fonde rien d’autre que Gong en 1967.
Les ramifications discographiques liées à cet individu sont à proprement parlé ahurissantes…
Nous allons écouter Codeine Coda, extrait d’un de ses très nombreux projets, Bananamoon, estampillé Daevid Allen mais avec une partie du Gong ainsi que Robert Wyatt en guest sur le très beau Memories.
Si nous avons choisi cette incursion Canterburienne et quelque peu pique du nez dans le doo-wop, c’est aussi parce que ce morceau possède une particularité que seuls les vinyles peuvent offrir : le locked groove . Vous le connaissez, c’est le sillon final qu’emprunte l’aiguille avant de retourner à la case départ. On l’appelle aussi dead wax.
Les musiciens les plus perspicaces auront enregistré ce sillon fermé sur lui-même et c’est ici que l’on comprend tout l’intérêt de posséder une platine manuelle (sans retour automatique du bras). Lorsque l’aiguille arrive sur ce sillon, elle est prise au piège, condamnée à parcourir l’éternel aller retour d un palindrome hypnotique qui rappelle le décisif mythe de Sisyphe.
Ecouter cela 2 heures n’est pas sans danger… Daevid préconise 3h42'09" !
En triturant Audacity, nous avons reproduit digitalement quelques secondes de cette particularité vinylique (les 30 dernières) et vous trouverez tous les détails de ce bel exemple d’appropriation créative d’une contrainte technique dans les comix de JC Menu (Lock Groove 1 et 2).
Un blog qui listerait les productions possédant des locked grooves, voilà à quoi nous devrions passer le plus sombre de notre temps !
@dem
http://soundcloud.com/ademselekcheune/dem-08-daevid-allen-codeina
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