Voici un de ces outsiders venu du fond des âges comme je les affectionne, bombe expérimentale à fragmentation lente et influence occulte mais Ô combien palpable de sorciers comme Mirwais, Fatboy Slim ou encore St Germain.
Puisqu’on ne peut détruire que ce que l’on a d’abord construit, Pierre Henry commence sa formation musicale à 7 ans et entre au conservatoire de Paris à 10. Un impérieux penchant expérimental le conduit à s’intéresser aux sons pour ce qu’ils sont… et semble très tôt plus intéressé de construire des objets musicaux que des mélodies. Il assiste ainsi à la naissance de la musique concrète et électroacoustique en compagnie de Pierre Schaeffer et d’Herbert Eimert.
Musicien en blouse blanche, chercheur pur, il n’a de cesse de confronter les structures classiques de la musique à des procédés électronique dont il est l’inventeur et devient ainsi un des grands-pères de la musique électronique moderne. La bibliothèque sonore qu’il se crée méthodiquement à partir de la capture de grincements de porte et autres soupirs va nourrir un sens de la composition transgenre et très ouvert qui le mènera a intervenir au cinéma, la radio, la danse et les arts plastiques.
Dans Pour penser à une nouvelle musique, il écrit très justement:
« Il faut prendre immédiatement une direction qui mène à l'organique pur. A ce point de vue, la musique a été beaucoup moins loin que la poésie ou la peinture. Elle n'a pas encore osé se détruire elle-même pour vivre. Pour vivre plus fort comme le fait tout phénomène vraiment vivant. »
En 1967 il a 40 ans et le psychédélisme bat son plein, ce que ne manque pas de remarquer notre docteur. Il va alors tout simplement s’approprier le schéma musical de celui-ci et le reproduire avec des sons qui viennent de Mars en collaboration avec Michel Colombier. Jusqu’au boutiste, ils se cacheront sous l’impeccable pseudo des Yper-Sound…
Béjart va grandement kiffer le concept et l’intégrer à son ballet Messe Pour Le Temps Présent .
Je possède un très rare EP sorti par Fontana en 1967 et je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous l’inénarrable texte d’introduction écrit au verso par G. Davoust…
CET ENREGISTREMENT EST SPECIALEMENT DESTINE AUX DISCOTHEQUES D’AVANT-GARDE…
La recherche d’un matériel sonore nouveau est le premier objectif des compositeurs et des orchestrateurs de 1967.
Aux U.S.A et en Angleterre il existe des clubs où les initiés viennent pour danser, mais aussi surtout pour s’enivrer de sons, dans une espèce de communion mystérieuse…
C’est dans cette perspective que PIERRE HENRY a travaillé pendant de longs mois sur des « bases » de MICHEL COLOMBIER. Voici le résultat : 2 jerks, 1 rock et 1 slow comme personne n’en a encore jamais entendu… strictement réservé aux clubs « IN »… c’est une sorte de culte… on ne décrit pas cette musique. Elle a son langage particulier, à base de rythme… elle s’écoute dans l’obscurité, ou elle se danse… elle possède beaucoup de vertus cachées… celui qui sait « partir » avec elle, se trouve dans une sorte d’état second qui lui ouvre un monde de couleurs et de sons inconnus… il faut savoir la « vivre totalement »… et ceci présente certains rapports avec cela puisque certains de ces thèmes ont été composés pour le Ballet de Maurice BEJART « MESSE POUR LE TEMPS PRESENT ».
Nous écoutons ensemble Psyché Rock que quelques oreilles chevronnées reconnaîtront comme le générique de la série télévisée d’animation Futurama, composée par Christopher Tyng. Pour être exact il s’agit d’un pastiche de Psyché Rock qui, rappelons le, est lui-même inspiré du Louie Louie de Richard Berry.
@dem
http://db.tt/g7VEd9v6
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